Vous êtes frustrés de voir passer des marchés publics sans arriver à en gagner, sauf à massacrer vos marges
? Vous êtes déçus de la qualité et de la pertinence des cahiers des charges ? C'est normal. Faites lire cet
article à vos correspondants collectivités et à vos élus. Cela fera surement bouger les lignes.
Chaque jour j’épluche pour mes clients une vingtaine de marchés publics et leurs cahiers des charges. Et là
je n’en peux plus de voir autant d’âneries, de mauvaises conceptions et de contre-performances. Cette
production de très faible qualité va limiter l’attractivité des marchés, réduire le nombre de
soumissionnaires, alimenter la défiance … et relever inutilement le montant du marché. Une vraie performance
qui est exactement le contraire de l’attendu. Bravo !
Avant d’écrire cet article, je me suis penché sur Wikipédia et la définition de cahier des charges ;
« […]
prend des formes variables selon le type d’activité (production ou service récurrent, projet ponctuel…),
selon le domaine d’activité principal concerné et selon la culture d’entreprise. […].Cependant le cahier
des charges sert à formaliser les besoins et à les expliquer aux différents acteurs pour s’assurer que
tout le monde soit d’accord. Il permet notamment de cadrer les missions des acteurs impliqués,dont
celles du directeur de projet (côté maîtrise d’ouvrage) et/ou du chef de projet (côté maîtrise d’œuvre).
Il sert ensuite à sélectionner le prestataire ou soumissionnaire (dans le cas d'un appel d'offres), et à
organiser la relation tout au long du projet
. »
Ce contenu technocratique est exactement le concentré de ce qui me met en colère. En effet,
le cahier des charges mérite beaucoup mieux que cela, car une rédaction soignée permet à la collectivité
d’atteindre des objectifs bien plus ambitieux :
“Définir son besoin de manière précise et intelligible” : 3 pages pour exprimer
l’attente sur le service rendu et 30 pages sur les pénalités, les modes de paiements, les litiges,… Si on
n’achète bien que ce que l’on comprend bien, alors j’invite les collectivités à réfléchir à « on ne
propose de bonnes solutions que si l’on comprend bien les besoins ».
«Sélectionner le mieux disant ». Cela va de soi, tous les élus et
techniciens vous rabâchent les oreilles avec cela. Le mieux disant est, nous sommes d’accord, l’entreprise
répondant le mieux aux attentes/préoccupations de la collectivité au meilleur coût. Alors pourquoi si peu de
CDC ont-ils des critères de jugements vraiment détaillés (plus de 10 items à évaluer) permettant de faire un
choix vraiment éclairé ?
« Les variantes ». Seul 1 marché sur 25 autorise les variantes. Mais
de quoi ont-ils peur ? D’être à l’abri que l’entreprise ait une super idée ? Une proposition qui
soit meilleure que celle exigée dans le CDC ? De devoir passer du temps à analyser le dossier variante
? C’est vraiment dommage de se priver des bonnes idées, plus performantes, plus économiques.
« Des bordereaux de prix intelligents ». La compta publique est
particulière mais la notion de frais fixes et frais variables me semble suffisamment accessible pour que la
collectivité évite le gros paquet nommé« forfait ». En acceptant des prix plus adaptés à la
demande, elle éviterait à l’entreprise de devoir intégrer des frais variables dans un forfait sauf à prendre
des aléas et donc à renchérir inutilement le montant du marché.
Nous accompagnons les collectivités à stimuler les offres de la part des entreprises. Nous réfléchissons
avec elles sur le contenu du DCE, les critères de jugement, les économies à générer...
Enfin, ces collectivités font de la commande publique un levier puissant d’aménagement du territoire en
maximisant les attributions à des TPE & TPE locales.
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Et si l’on ajoute à la faible qualité rédactionnelle des cahiers des charges des pratiques décourageantes,
que l’on ne s’étonne pas d’avoir si peu de réponses à certains appels d’offres :
« La transparence ». Tout soumissionnaire peut se faire communiquer
le rapport d'analyse ayant conduit à attribuer le marché à un concurrent. Les éléments envoyés par la
collectivité sont d’une vacuité telle que cela décourage l’entreprise écartée de retenter sa chance en ayant
mieux cerné ses points d’améliorations. Cela entretien bêtement l’image « des marchés truqués ».
De quoi les collectivités ont-elles peur en envoyant les éléments exigibles ?
« Les mémoires techniques imposés » : une nouvelle mode dans
laquelle vous devez remplir des cases minuscules avec des éléments forcement parcellaires. Je ne comprends
pas comment la collectivité peut aller identifier le mieux disant. Sauf, à écarter les offres 'exotiques'
et, pour les autres, ne faire la différence que sur le prix. Bravo !
J’espère que ce billet d’humeur encouragera celles qui font des efforts en ce sens, fera bouger nos
autres collectivités dans leurs processus d’achats et emploieront mieux nos ressources. C’est un sujet
vraiment d’actualité que l’efficacité de la dépense publique.